Entre – temps, bien d'autres sont en train de faire de petits commerces pour préparer cette rentrée qui s'annonce particulière. Car ici, tout se fait moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Présentement, dans toutes les écoles, on observe un phénomène : le défilé des enseignants qui, après les deux mois de grandes vacances passées avec des poches trouées, ne parviennent plus à maîtriser la situation et continuent à tourner les pouces.
De ce fait, ils se lancent, sans vergogne, dans une campagne de porte à porte à travers la ville, principalement dans des quartiers périphériques, à la recherche des élèves qui, pour eux, constituent une matière première, mieux une vache laitière : c'est leur unique source de revenue. Les candidats enseignants, quant à eux, après avoir gobé une certaine année scolaire 2010 – 2011 pleine de déceptions dans l'ancienne école, sont à la recherche de cadre idéal pour un mieux-faire, à la veille de la rentrée. Ayant déposé des dossiers, par-ci par-là, ils se préparent à d'éventuels tests d'embauche, si l'argent ne dicte pas sa loi dans cet environnement empesté et corrompu.
Le constat est amer dans la plupart des écoles de Kinshasa. Les anciens, comme les nouveaux élèves, sont obligés de payer une somme généralement quelconque, pour confirmer des places. Cela, même si l'élève avait déjà totalisé deux ou trois ans dans la même école. Bien que sur le billet des vacances la mention « Inscription gratuite » occupe une place importante, on ne cesse de se poser la question de savoir si cette somme d'argent de confirmation de la place, évaluée à plus de 5.000 Fc a sa raison d'être ! Une certaine opinion laisse croire que les écoles privées, toutes tendances confondues, voire officielle ou encore, conventionnées, sont devenues des véritables échoppes commerciales surtout, en cette période d'inscription.
Le cas le plus fréquent est celui des élèves qui sont obligés d'acheter leurs uniformes, ainsi que des fournitures scolaires avec logo et écusson tel qu'exigé à l'école. Ce, à un prix exorbitant, qui ne favorise pas l'accessibilité à toutes les bourses. Il est temps pour que l'autorité de tutelle prenne la décision qui s'impose afin de règlementer les inscriptions dans toutes les écoles, telles qu'elle le fait en ce qui concerne la participation aux Test National de Fin d'Etudes Primaires (Tenafep) et à l' examen d'Etat. Comment un élève régulier, qui a un dossier dans une école connue, doit-il être obligé à renouveler son inscription ?
Notre inquiétude est que cela est de mise même à l'Université où, à chaque nouvelle année académique, l'étudiant est contraint de se réinscrire. De même, dans l'esprit congolais, cela risquerait de s'étendre jusqu'à l'église où le pasteur va demander à ses fidèles, chaque année, d'avoir un baptême pour manifester son attachement à l'église. Il faut rappeler qu'à la fin de chaque année scolaire, les élèves font ces mouvements pour chercher les écoles qui battent le meilleur score : elles font 100% des résultats à l'examen d'Etat. Selon ces élèves, la formation est secondaire ; ce qui les préoccupe c'est le papier (bien entendu le diplôme d'Etat). Attention : construire le Congo, c'est éduquer les Congolais. Il faut que tous se sentent dans l'obligation d'éduquer. Gare à ceux qui empiètent sur l'éducation des Congolais.
Jacques Bope