Selon une enquête de l'Association Alternatives Africaines publiée sur digitalcongo.net, les jeunes (élèves et étudiants) ne souhaitent que de divertissement. C'est par cette piqûre que ce collectif interdisciplinaire des chercheurs congolais introduit le rapport de son enquête sur les habitudes d'écriture et de lecture chez les jeunes à Kinshasa. Cette enquête ajoute que les rares bibliothèques encore existantes et fréquentées subissent la « concurrence rigide d'autres médias et en particulier d'Internet ». A considérer les résultats de l'enquête réalisée par Alternatives Africaines, le rapport avec le livre se serait modifié : « Les lecteurs » veulent aller directement à l'essentiel, ils apprécient les textes courts, précis et accessibles.
Zoom sur la bibliothèque de l'Université de Kinshasa (Unikin)
Cette bibliothèque a été un haut lieu où les étudiants venaient lire des ouvrages scientifiques. La bibliothèque centrale de l'Unikin reçoit par jour quelque 200 étudiants pour une capacité installée de 500 places. Elle renferme trois fonds d'ouvrages, dont le plus récent date de 20 ans et dispose d'environ 4.500 ouvrages. Tandis que l'ancien fonds date de 1970 à 1990 et compte plus ou moins 3.000 ouvrages. Elle comprend 5 départements : circulation et conservation, prêts et consultation, prêts et conservation, catalogage et périodiques.
A part les livres scientifiques, on trouve à la bibliothèque centrale des revues, des périodiques et des documents d'archives sur le Congo Belge. On y trouve aussi beaucoup de livres rédigés par des chercheurs congolais, surtout en sciences humaines. Mais cette bibliothèque fait face à des difficultés financières sérieuses pour son fonctionnement, son approvisionnement en ouvrages scientifiques et autres. Le constat est que les étudiants de cette université ne s'y intéressent pas, encore moins à la fonction de bibliothécaire. D'où, les bibliothécaires lancent un appel pour une campagne d'information et de sensibilisation sur cette fonction capitale pour le développement de la Rdc.
Pour cette année académique, le département des techniques documentaires de la Faculté des lettres de l'Unikin ne compte que 57 étudiants du 1er graduat à la 2è licence. D'après une source citée, ce désintéressement des étudiants à la fonction de bibliothécaire est dû au fait que, en dépit des dispositions statutaires favorables, ils sont témoins de la dévalorisation du métier par les professeurs, d'une part, et, d'autre part, de l'ignorance de l'importance du livre par la société nationale.
Le livre, source du savoir, des dispositions devraient être prises pour que, dès l'école primaire, les enfants puissent s'intéresser non seulement à la lecture, mais également à la bibliothèque et à la documentation. Pour rappel, la création de la bibliothèque centrale de l'Unikin remonte à 1953, soit une année avant l'ouverture officielle de l'Université Lovanium. Son premier emplacement fut la cité de Kimwenza, à environ 10 Km du campus universitaire. Elle fut par la suite transférée au home puis à la faculté des sciences avant d'occuper ses bureaux actuels au bâtiment administratif de l'Unikin en 11960.
Concurrence rigide
Cette bibliothèque est au service de la communauté universitaire et des intellectuels en général. Pour Bazomba Nsita, le livre est un de ces moyens de l'autoformation les plus efficaces. Aussi, malgré le développement de nouvelles technologies en matière d'information et de communication, le rôle du livre reste irremplaçable, dit-il. Concernant les sources d'approvisionnement en ouvrages, il estime que si les éditions Presses universitaires fonctionnaient encore, elles seraient la principale source pour ce qui est de la publication locale. Mais pour le moment, cela n'est pas le cas. Les professeurs se débrouillent comme des diables. Il y en a qui refusent carrément de déposer leurs publications à la bibliothèque centrale. Pour ce secrétaire de la bibliothèque centrale de l'Unikin, c'est le cas des professeurs des sciences exactes qui disent qu'ils n'ont pas été financés. Actuellement, cette bibliothèque vit des dons, notamment de la coopération universitaire pour le développement (CUD) de la Belgique.
Onassis Mutombo